OUATE ELSE ?!

approche eco habitat ouate de cellulose

La ouate de cellulose est un isolant dit « biosourcé ».

Il est utilisé depuis plus de 70 ans aux USA et en Europe. Ses performances thermiques, son bilan carbone exceptionnel et son relativement faible coût de production en fait le matériau parmi les plus intéressants pour répondre au défi de l’isolation des bâtiments.

De fait, la ouate de cellulose affiche une très forte croissance en France depuis 4 ans, entre 25 à 35% par an. Il est à noter que cette évolution est en concurrence direct avec les producteurs de laines minérales (60% du marché des isolants) dont les produits sont hautement consommateurs d’énergie et des faiblesses thermiques.

Depuis 4 ans, les usines de productions se sont multipliées en France. Ces entreprises sont donc jeunes et en phase de développement. Pour réaliser cette progression sur le marché français, l’obtention d’un Avis Technique du CSTB est rapidement devenue une obligation pour réussir sur ce marché hautement concurrentiel. Et c’est, paradoxalement, cette volonté de certification, qui va remettre en cause cette filière exemplaire. Deux problèmes nous valent des reproches :

Avec ou Sans Sel de Bore :

La Commission Chargée de Formuler les Avis Techniques (CCFAT) a demandé en janvier 2012 l’annulation immédiate des Avis Technique des Ouates de Cellulose contenant du bore. Cette annulation pose certaine questions, quant à la dangerosité du sel du bore et de l’interprétation du règlement Européen, le règlement REACh. Je n’évoquerais pas ici les coûts prohibitifs de cette certification et de son annulation.

Le sel de bore est utilisé comme retardant au feu. Le sel était utilisé sur l’ensemble du territoire Européen par l’ensemble des producteurs de ouate de cellulose. La position du CSTB est unique en Europe.

Le sel de bore est également utilisé très largement entre autre dans les produits pharmaceutiques comme antiseptique.
Exemple : DACRYUM de Johnson&Johnson , lavage de l’oeil en cas d’irritation. Composition : substances actives 100% : borax/acide borique.

Le sel de bore est également utilisé comme conservateur dans l’alimentation, notamment pour le poisson ou le caviar.

La conséquence de cette position du GS20 du CSTB :

Les producteurs n’ont pas eu d’autre choix que de rechercher au plus vite des solutions techniques nouvelles proposées par des chimistes. Le produit retenu, le sel d’ammonium, est plus onéreux que le sel de bore et ses performances sont moins élevées.

En outre, la formulation demandée par le GS20, pour le marché français doit répondre à des nouveaux critères beaucoup plus exigeants que ceux demandés par la certification européenne. Les formulations ont donc été modifiées et, de fait, rendues plus agressives dans certaines conditions de mise en oeuvre (humidité, contact avec des plaques de plâtre).

Et ce qui devait arriver arriva : en octobre 2012, un mois après la suspension des Avis Techniques sans sel de bore, des modifications chimiques ont lieu sur les ouates de cellulose posée dans une centaine de maisons de particuliers. Des gaz d’ammoniac sont détectés. L’alerte est donnée. L’image du produit écologique est sévèrement entachée.

Une cellule de crise a été mise en place, regroupant tous les producteurs de ouate de cellulose, les équipes de la DHUP et du CSTB pour cerner le problème des chantiers dégageant des odeurs d’ammoniac.

Le CCFAT a rétabli les Avis Techniques avec sel de bore jusqu’au mois de juin 2013. La majorité des producteurs de ouate de cellulose ont préféré choisir le sel de bore.

Des travaux de mesures de taux d’émission de gaz d’ammonium sont en cours par l’Ineris en collaboration avec la DHUP, le CSTB et les producteurs de ouate de cellulose.

Le problème des sels d’ammonium est désormais sous contrôle.

Le risque incendie :

La responsabilité du produit en tant que tel n’a jamais été mise en cause auprès de nos assureurs sur la période concernée (2009 à ce jour). Il est reconnu toutefois que dans le cas de 7 chantiers (tous producteurs de ouate confondus), il s’agit bien de non-respect des conditions de mise en oeuvre, soit au moment de la pose de l’isolant, soit lors d’interventions ultérieures dans le bâtiment.

La ouate de cellulose fait partie des matériaux performants en termes de réaction au feu : toutes les ouates de cellulose des fabricants de l’ECIMA (Syndicat des producteurs de ouate) bénéficient d’un classement de réaction au feu de C à B S2-d0. Il est essentiel d’aller plus loin que la classification française en M1 et de considérer que ce positionnement en C ou B garanti que le produit ne participe pas du tout ou très peu à la propagation de l’incendie. A ce titre, il y a lieu de s’interroger sur les causes réelles des cas de destruction complète du bâtiment citées par M. DUCOURNEAU Directeur de l’Agence Qualité Construction. Cette agence est à l’origine de la mise sous surveillance de notre produit.

Le mensuel « Que choisir » de février 2013 s’interroge sur la connivence entre le CSTB et les fabricants de laines minérales. Des comportements qui ont déjà conduit l’Autorité de la concurrence à lancer en juin 2009 une enquête sur des soupçons de comportements illicites visant à des restrictions de concurrence de la part de la société Isover, filiale du groupe Saint-Gobain, de syndicats professionnels et d’organismes certificateurs. Ceux-ci ont opposé depuis une véritable guérilla judiciaire à l’Autorité de la concurrence, notamment sur la légalité des opérations de visites et de saisies réalisées en 2009. (Les ECHOS – novembre 2011)
Pionnier dans la mise en place de cette filière, l’entreprise CELLAOUATE, basé en Bretagne, espère pouvoir travailler plus sereinement sur un marché en pleine évolution. Ces attaques ne font que nous conforter dans le fait qu’un autre modèle de certification doit être mis en place pour que tout autre projet écologique lié au bâtiment, ne rencontre plus ces mêmes écueils.

Jean Pol CAROFF, Directeur de la SAS CELLAOUATE
Adhérent et membre du Conseil d’Administration d’Approche Eco-Habitat